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Comment développer des « modes de vie 1,5° » ?

Dana Vigran, Luca Coscieme | Hot or Cool Institute
Nachhaltigkeit

Pour limiter l’augmentation des températures au niveau mondial à 1,5° Celsius, il faut changer les structures qui façonnent nos modes de vie.

En quoi consiste l’objectif 1,5°C ? 

Notre meilleure chance d’atténuer les pires effets de la crise climatique est de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Ce sont les recherches scientifiques entreprises de longue date concernant les projections des émissions de gaz à effet de serre, les modélisations du climat et de l’impact du changement climatique sur la terre et les sociétés humaines qui le démontrent. En atteignant l’objectif de 1,5°, nous pourrions réduire les risques et les impacts du changement climatique, et notamment l’effondrement des écosystèmes, les températures extrêmes, les fortes précipitations, les dommages pour l’agriculture et l’environnement causés par la sécheresse et la hausse du niveau des océans.  

L’objectif consistant à limiter « le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C, de préférence à 1,5 degré Celsius » a été adopté, en 2015, par 196 États dans le cadre de l’Accord de Paris, juridiquement contraignant. Mais la réalisation de cet objectif nécessitera des réductions drastiques et rapides des émissions de gaz à effet de serre. Cela signifie que nous devons atteindre un objectif de zéro émission nette, au niveau de la planète, d’ici le milieu du XXIe siècle.  

Selon le calcul des émissions basé sur la consommation, les émissions dans les pays à hauts revenus doivent baisser de plus de 90% d’ici 2050. La fenêtre temporelle disponible pour une action efficace est très limitée et va se refermer rapidement : si le niveau actuel des émissions ne change pas d’ici dix ans, la probabilité d’atteindre l’objectif de 1,5° est nulle. 

Pourquoi les modes de vie sont-ils importants ?

Les ménages représentent environ 72% des émissions à l’échelle planétaire. Compte tenu de la réduction drastique des émissions qui est nécessaire et du délai extrêmement réduit dont nous disposons pour l’atteindre, les solutions technologiques à elles seules ne suffiront pas. Nous devons également réfléchir à modifier nos modes de vie pour atteindre l’objectif de 1,5°. 

Nos modes de vie sont pas uniquement façonnés par nos choix individuels, mais aussi par les environnements physiques, sociaux et politiques dans lesquels nous vivons.

Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait croire, nos modes de vie ne sont pas uniquement façonnés par nos choix individuels, mais aussi par les environnements physiques, sociaux et politiques dans lesquels nous vivons. Pour changer de mode de vie, nous devons nous concentrer sur la modification de certains facteurs structurels, tels que les logiques d’offre et les structures du marché, la règlementation de la production, la publicité, le travail et les normes sociales. Ce n'est qu'en nous concentrant sur le changement des systèmes que nous pourrons permettre la transformation vers un mode de vie durable pour les communautés du monde entier.

Nos modes de vie ne se limitent pas qu’aux habitudes de consommation et aux émissions. Ils sont façonnés par des aspects non économiques de notre vie, qu'il s'agisse de passer du temps avec des amis, de s'occuper d'enfants ou de parents âgés, de jouer, de faire de l'exercice, de faire du bénévolat ou de s'engager dans nos communautés. Toutes ces activités ont un impact sur notre bien-être ainsi que sur notre empreinte carbone. Selon le nouveau Rapport sur les modes de vie 1,5° degré, qui vise principalement la définition d’un espace de consommation équitable pour tous, « les modes de vie incluent nos comportements en matière de consommation et nos relations avec les autres, en tant que voisins, amis, citoyens et parents, le type de valeurs que nous cultivons et la manière dont ces valeurs guident nos choix ».  

Le changement de nos modes de vie peut nous aider à atteindre l’objectif de 1,5°, mais c’est également crucial d’atteindre cet objectif de 1,5° pour garantir la qualité de vie. Il a également été démontré que les changements de mode de vie qui sont bons pour la planète améliorent la santé physique et mentale, ainsi que la confiance et l'engagement dans les communautés et la qualité des relations sociales.

En prenant en considération les modes de vie dans la lutte contre le changement climatique, nous avons une image plus complète de ce qui est en jeu si nous échouons, mais aussi de ce que nous avons à gagner en cas de succès – des bénéfices tels que des styles de vie plus sain, une société plus égalitaire, un lien plus étroit avec la nature et les êtres humains, ou encore du bien-être environnemental. 

Comment amorcer la transition vers des modes de vie à 1,5° ? 

La réalisation de l’objectif 1,5°, en termes de modes de vie, nécessite des transformations systémiques sans précédents dans le monde entier, et plus particulièrement dans les pays riches, qui représentent une part extrêmement élevée des émissions à l’échelle de la planète. 

La façon dont nous mangeons, nous nous déplaçons et aménageons nos maisons sont des domaines clés où les changements de mode de vie peuvent avoir le plus d’impact sur la réduction des émissions tout en améliorant la qualité de vie. Par exemple, en optant pour un régime alimentaire plus durable, avec moins de viande et de laitages, nous contribuons non seulement à réduire les émissions, mais aussi à améliorer notre santé. 

Un changement dans notre manière de voyager peut offrir des bienfaits en termes de santé physique et mentale, tout en réduisant les émissions.

De même, un changement dans notre manière de voyager peut offrir des bienfaits en termes de santé physique et mentale, tout en réduisant les émissions et la pollution atmosphérique. En passant de la voiture à des modes de transport actifs, tels que le vélo ou la marche chaque fois que cela est possible, peut être très bénéfique pour notre santé. Pour réduire les émissions, il est également essentiel de réduire les temps de transport, par exemple en travaillant plus souvent à domicile ou en optant pour des formes de transports partagés ou publics.

Dans nos habitations, il est important de calculer la quantité d’espace dont nous avons vraiment besoin et d’opter pour des infrastructures capables de fournir de l'électricité renouvelable et des formes de chauffage et de refroidissement à moindre intensité de carbone.

Mais pour pouvoir effectuer ces transformations à une échelle suffisante, nous devons mettre en œuvre des changements systémiques qui vont bien au-delà de nos choix individuels. La réalisation de l’objectif de 1,5° implique un véritable changement de politique, des investissements significatifs dans les infrastructures et un engagement de nous toutes et tous qui vivons et travaillons au sein de ces systèmes.

Ce blog a été initialement publié en anglais sur le site du projet 1,5° Lifestyles, financé dans le cadre du programme européen Horizon 2020.

À propos des auteur·e·s

Dana Vigran is Engagement and Communications Lead at the Hot or Cool Institute. She holds an MSc in Gender, Development and Globalisation from the London School of Economics and Political Science, and a BA in History and Theatre from Occidental College. She has a background in gender justice, youth rights and sustainable urban development, and nearly a decade of experience working with organizations around the world to craft and share stories that further their work.

Dr. Luca Coscieme is Research Program Manager at the Hot or Cool Institute. He was a fellow of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES), he is a member of the Well-Being Economy Alliance, and was awarded a Marie-Curie scholarship at Trinity College Dublin and the European Environment Agency.

Open Access

Cette publication est en accès libre, sous licence CreativeCommons CC BY-NC-ND 4.0.

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